
Pouvez-vous nous raconter votre parcours ?
À la fin de mes études, j’ai fondé une entreprise de décoration et d’aménagement d’intérieur dans les Hautes-Pyrénées, que j’ai codirigée pendant 7 ans. C’est à cette période que j’ai découvert le fonctionnement des groupements d’employeurs (GE), en participant à la création d’un GE sur le territoire de Lourdes et les Vallées des Gaves. J’ai été vice-président ainsi qu’utilisateur de ce groupement d’employeurs, notamment pour mutualiser des fonctions support comme la communication ou le secrétariat.
Lorsque la dirigeante de ce GE est partie, j’ai proposé au conseil d’administration d’assurer la transition. J’ai donc repris la direction pendant 9 mois, afin d’assurer la continuité pour les salariés en poste.
En parallèle, j’avais besoin d’un nouveau souffle personnel et professionnel, avec l’envie de me rapprocher d’une métropole. Cependant, quitter une entreprise nécessite du temps et une vraie réflexion. J’ai alors réalisé un bilan de compétences, qui m’a aidé à confirmer mes aspirations et mes atouts.
C’est à ce moment-là que l’opportunité s’est présentée de rejoindre le Centre de Ressources des Groupements d’Employeurs d’Occitanie. J’ai candidaté avec une motivation forte, nourrie par les difficultés concrètes que j’avais rencontrées sur le terrain en tant que chef d’entreprise et directeur de GE.
Ce qui m’a poussé à franchir le pas, c’est la conviction que l’outil GE, qui existe depuis 40 ans, est encore insuffisamment connu des entreprises. Aujourd’hui, en tant que directeur du CRGE Occitanie, je m’attache à développer, promouvoir et valoriser les GE à l’échelle régionale, car je crois profondément en cet outil et en ses valeurs humaines.
Quel est le rôle du Centre de Ressources des Groupements d’Employeurs d’Occitanie ?
La mission du CRGE Occitanie s’articule autour de plusieurs axes. D’abord, la promotion de l’outil GE : auprès des réseaux professionnels comme la CPME, le MEDEF, des organisations syndicales, des entreprises, de la CCI ou de France Travail. Nous accompagnons également les GE lors d’événements afin de leur apporter plus de visibilité et de les aider à s’ouvrir à de nouveaux publics via la communication externe.
Ensuite, nous travaillons sur l’accompagnement à la création de nouveaux groupements d’employeurs. Certains territoires identifient des besoins et, dans ce cadre, nous réalisons des études de faisabilité pour évaluer le potentiel de mutualisation de compétences sur le long terme. Nous intervenons aussi dans l’accompagnement au développement des GE existants, à travers notre convention ou des études spécifiques.
Un autre volet important concerne la professionnalisation : en tant qu’organisme de formation, nous proposons des modules autour de la gestion du GE 360°, sur les aspects juridiques, RH, ou encore en communication. L’objectif est clair : lever les freins liés à l’emploi partagé et accompagner la montée en compétences des équipes.
Enfin, il y a une dimension d’innovation, portée par notre Observatoire. Nous menons une veille prospective pour identifier de nouveaux leviers d’action pour les GE, au-delà de la seule mise à disposition, qui reste la fonction opérationnelle du modèle.
Quant aux valeurs du CRGE, elles reposent avant tout sur la proximité avec les GE et sur un accompagnement adapté. La coopération est également au cœur de notre fonctionnement, que ce soit avec les groupements ou avec les partenaires territoriaux, les financeurs et les collectivités. Renforcer cette coopération fait pleinement partie de nos missions.
Selon vous, quels sont les avantages du temps partagé et de la mutualisation d’emploi ?
Les avantages sont multiples, autant pour les salariés que pour les entreprises. Les salariés peuvent mutualiser leurs compétences auprès de plusieurs entreprises, tout en ayant un seul contrat de travail. Le salarié peut bénéficier d’un contrat durable grâce au GE, avec une diversité de missions et une sécurité de l’emploi. Pour les entreprises, le GE permet de bénéficier de compétences spécifiques selon leurs besoins. D’un point de vue RH, le GE s’occupe du recrutement et de la gestion du personnel mis à disposition. Néanmoins, les GE sont tous différents selon leur territoire, avec des secteurs d’activités divers et à l’écoute des besoins des entreprises et des salariés !
Quelles sont les perspectives du CRGE Occitanie ?
Aujourd’hui, le CRGE Occitanie est une structure financée en partie par l’ État et par la Région Occitanie Midi-Pyrénées, nous sommes alors confronté à des baisses budgétaires. Nous menons donc une réflexion stratégique pour répondre à la fois aux attentes des GE et à celles de nos financeurs, notamment en matière de création d’emplois. Nous nous posons plusieurs questions. Comment continuer à accompagner les GE dans les années à venir ? Est-ce que les GE sont uniquement des créateurs de mise à disposition ? Ou peuvent-ils être des développeurs de la fonction RH dans les organisations ? Le monde évolue constamment, ces réflexions sont essentielles pour continuer à faire vivre l’outil GE et à l’adapter aux enjeux actuels.
Un peu plus personnel, quel est ton leitmotiv ?
Mon leitmotiv, c’est l’apprentissage et surtout apprendre des autres. Nous avons tous des parcours différents, c’est dans la rencontre que se créent les opportunités. Justement, c’est lorsque les conjonctures sont tendues qu’il y a des synergies et des mises en commun. Ensemble, on va plus loin selon moi !